Cédric Bonnevie, Directeur du Service des Pistes de Val d’Isère en parle parfaitement :
« Notre proximité avec la frontière italienne nous permet de bénéficier de chutes de neiges exceptionnelles et très localisées. Lors de perturbations sur l’Italie par courant Sud-Est, nous sommes en effet quasiment les seuls à profiter du phénomène de « retour d’Est » : les précipitations débordent abondamment sur le versant français pour rapidement s’estomper.»
En direct de Val d’Isère, nous sommes actuellement sous un flot continu de chutes de neiges intense, plus communément appelé le ♦RETOUR D’EST♦. Pour les amateurs de neige poudreuse, ce retour d’est est un cadeau venu du ciel. Pour les professionnels de la montagne, il est plutôt signe de vigilance : sécurisation des domaines skiables avec des mises en place de PIDA (Plan d’Intervention de déclenchements d’Avalanches), sécurisation des villages et des routes et par conséquent des habitants.
❄ ❄ ❄ Des quantités de neige énormes ❄ ❄ ❄
Ce retour d’Est passe plusieurs fois par hiver à Val d’Isère et les quantités de précipitations (pluie ou neige) qu’il génère sont très importantes. Voilà quelques explications plus techniques par Thomas Blanchard, gérant de www.meteoalpes.fr :
Le retour d’Est est une dépression située sur la Méditerranée qui fait remonter des masses d’air chaudes et chargées en humidité par le Sud.
En rencontrant les premiers reliefs du Piémont italien par la plaine du Pô cet air s’élève, se condense, se refroidit et gagne encore plus en humidité (effet orographique). Par conséquence, des précipitations très soutenues se déversent sur le Sud du massif du Grand-Paradis en Italie et débordent alors d’Est en Ouest (en raison de la circulation météorologique qui prend une composante Est à Sud-Est) par les sources de l’Arc et de l’Isère qui sont les secteurs les plus touchés. Les quantités de neige sur cet épisode peuvent atteindre en effet les trois mètres de neige en deux jours sur ces secteurs. Les chutes de neige peuvent arriver jusqu’à Val d’Isere et Tignes quand la situation météorologique est très dynamique (c’est ce qu’il se passe ces jours-ci).
En revanche, une fois passé les hauts reliefs de la Grande-Casse au Mont-Pourri, la masse d’air s’assèche très rapidement et se réchauffe (on appelle cela l’effet de foehn) en redescendant la vallée vers Bourg-Saint-Maurice et la Tarentaise.
Le phénomène est donc très influencé par les reliefs, tant côté italien que côté français. C’est ce qui explique le gradient de cumuls très importants entre Bourg Saint Maurice et Tignes/Val d’Isere. En effet, on observe souvent 0 cm à Bourg-Saint-Maurice et jusqu’à Sainte-Foy-Tarentaise puis les premières fortes neige du côté de Tignes et enfin des quantités monstrueuses en gagnant le glacier du Pissaillas.